En 2009, Archimède le phénomène pop-rock venu de Laval a débarqué sur les ondes grâce à un premier titre intitulé Vilaine Canaille, et dont le clip réalisé avec la technique du sleeve face a fait le buzz. Dix ans et quatre albums studio plus tard, les frères Boisnard projettent un album et une tournée anniversaire, « On fêtera les 10 ans de notre discographie en juin prochain. On a sorti 4 albums, (Archimède, Trafalgar, Arcadie et Méhari), des albums qu’on a défendus pendant près de 600 concerts en sillonnant la France à chaque fois, et là on sort l’été prochain un album avec des inédits et quelques titres réarrangés » raconte Frédéric.

Travailler en famille peut parfois paraître compliqué, surtout dans un milieu aussi médiatique, pour eux il s’agit plutôt d’une évidence, « On se voit souvent c’est vrai, on travaille aussi chacun de son côté et on met en commun notre travail, on s’entend bien, c’est quand ça marche trop qu’on se prend la tête » explique Frédéric. « On s’est toujours bien entendu, ça parait être il y a quelques jours où l’on jouait aux lego, on a fait des concours de dessin, après on a fait de la musique puis on grandit, et on est l’un et l’autre très attaché à Archimède » ajoute Nicolas.

Même leurs influences aussi éclectiques que similaires les rapprochent finalement, notamment quand il s’agit de concocter ce mélange qui caractérise Archimède, « Les artistes qui nous influencent sont des groupes de pop, ça va de Oasis, Blur, Supergrass, mais il y a aussi le répertoire de chansons françaises un peu anciennes quand il y a du texte et où il y a du fond, Alain Bashung, Alain Souchon, Renaud, Jacques Dutronc, Téléphone, Jean-Louis Aubert… Une espèce de flot de pop rock, avec un pied outre-manche musicalement, mais très attaché aux textes en français » précisent –ils.

Une inspiration qu’ils puisent au-delà de leurs influences, dans les instants passés dans leur ville natale ou dans leur vécu, « à Laval on a le temps d’être créatif et oisif, c’est une ville très charmante où il ne se passe pas grand-chose du coup on a le temps d’être créatif, c’est bien pour les auteurs comme pour les écrivains, ou les musiciens. C’est bien de ne pas être dans un flux de loisirs continu, il faut savoir être chez soi, et savoir s’ennuyer pour être créatif. » nous explique Nicolas

« Une ville qui est quand même inspirante c’est Paris, partout où je vais ailleurs ce n’est pas pour travailler, on a pas les moyens de se dire je vais partir 3 ou 4 mois là-bas pour y écrire un album. Après on part en vacances, je suis allée en Islande il n’y a pas longtemps j’ai profité de ma semaine et je ne suis pas revenu avec des chansons, par contre après ça peut infuser comme un bouillon et donner quelque chose » ajoute Frédéric

« Moi j’ai fait Venise mais pour boire des spritz et manger des poissons grillés » s’esclaffe Nicolas.

L’écriture, la composition, l’art même en règle général est une invitation à l’abandon, et à l’imaginaire. Un imaginaire qui se construit et se déconstruit au fil du temps, et par différents biais, mais ce qui est sûr c’est que pour avoir des choses à dire et à chanter « il faut vivre des choses pour les raconter, vivre des émotions et partager des choses » souligne Nicolas.

Écrire et composer est un exercice difficile, qui n’est pas à la portée de tous, contrairement au bonheur, il faut oser exprimer son ressenti sur des sujets variés, et au final même si on exprime une part de vécu, il y a toujours une part de fiction « On part toujours de soi mais pour ensuite universaliser, on peut éprouver un chagrin d’amour, ou avoir un proche qui est malade, mais on généralise toujours on amende certains aspects biographiques, ce n’est pas une radiographie de ce que nous sommes » analyse Nicolas.

L’inspiration se puise également dans l’actualité, et dans l’humanité, la place de la femme dans notre société est selon eux « une question cruciale qui est importante, je vais pas dire qu’on est féministe le poing brandi, mais cela se ressent dans nos chansons à mon sens, il y a quelque chose de féministe, de libertaire, de social qui filtre dans les textes, le plus inquiétant aujourd’hui c’est d’avoir à se poser cette question, la question ne devrait pas se poser nous sommes des Hommes avec un grand H, et ça s’arrête là ! » s’écrie Nicolas

Ce rapport à autrui est quelque chose de particulier selon eux, parce qu’être différent, ne pas s’enfermer dans une identité à cause du regard des autres est important « Il ne faut pas être comme tout le monde, il faut être singulier, on se définit dans l’altérité, on se définit dans son rapport aux autres, par rapport à l’extérieur qui influence, mais finalement Marcel Proust disait la seule chance d’être original c’est d’être vous-même » nous expliquent les deux frères. D’ailleurs « Sasha Guitry disait ce qu’on te reproche il faut le cultiver, et ça on devrait le dire à tous les ados ! » ajoute Nicolas

Une universalité qui se ressent dans les titres du groupe et dont le public est particulièrement friand, puisqu’il peut s’identifier à ce qui se dit, et chanter ses déboires sur des mélodies plutôt enjouées, les deux frangins rendent bien cet amour à leur public par une proximité, et un partage qu’ils trouvent naturel, « nous sommes très proches des gens qui nous écoutent et nous soutiennent, on est assez attentif à l’enthousiasme que l’on déclenche chez certains de nos soutiens, là ce soir il y a des gens qui viennent du sud pour nous voir à Blois, et à chaque fin de concert on va à la rencontre des gens, ce n’est même pas juste la moindre des choses, c’est juste naturel en fait. » souligne Nicolas. « On est assez proche mais pas par stratégie c’est aussi un truc qu’on aime bien faire, on a ce luxe de pouvoir vivre de notre métier, car on vend suffisamment de disque, mais on n’a jamais réellement explosé, donc on peut encore aller à la rencontre de notre public » explique Frédéric. « Et là, l’échec peut être positif, on le transforme à notre avantage, on transforme un inconvénient en atout c’est très nietzschéen » sourit Nicolas

Dix ans déjà qu’ils ont lancé leur carrière avec la sortie du premier album, mais Archimède est né bien avant, « Quand tu te lances dans un projet tu te dis est ce que ça va marcher ? Et 10 ans après on existe encore on a bien fait de saisir cette chance » nous dit Frédéric « Tu n’as aucune chance alors saisis – la disait Schopenhauer » ajoute Nicolas, Et au jeu de la citation, le frangin n’est pas en reste « Le ventre est pourvoyeur de génie disait Diderot » enchérit Frédéric, « car quand tu as faim, tu te bats, il y a des gens qui ont envie et quand tu as pas le choix, il faut travailler et bosser pur pouvoir manger » explique –t-il « Un boulanger s’il veut gagner sa croute, il faut qu’il se lève pour faire du pain » s’esclaffe les deux frères (NDLR : il y a tellement de blagues dans cette dernière phrase que je ne pouvais pas la garder pour moi)

Pour les dix ans de nombreux projets sont annoncés, et malgré mes questions peu d’informations ont filtré de leur part, ce qu’ils ont bien voulu dévoiler tient à quelques mots, mais qui j’en suis sûre raviront les fans, « Logiquement l’album anniversaire sortira le 31 août, s’ensuivra une tournée de 10 grandes villes en France pour célébrer nos 10 ans, et puis quelques dates cet été et au printemps… » concluent les Archimède tout sourire.

Et leurs projets ne s’arrêtent pas là, mais là aussi ils ont refusé de nous en dire plus, alors il n’y a plus qu’à leur souhaiter « bon vent » et à bientôt !

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