Il y a quelques mois je vous présentais Makja et son titre Car née de doutes, aujourd’hui il revient avec un nouveau titre et surtout la sortie de son album. Je l’ai rencontré à cette occasion pour qu’il nous parle de sa musique et de ses projets.

Après de longues années à poser des instru parfois derrière d’autres voix, sur des sons hip hop bien souvent, Makja a eu envie de revenir à l’essentiel, à un son plus naturel avec des instruments et du live, comme une ressource aux sources « Je pense, je rêve, j’écris en français. C’est ce qui me fait appartenir à la “Chanson française”. J’écris depuis l’adolescence. Je pense avoir compris dès l’enfance que les mots possédaient un pouvoir ».

Artiste complet, et surtout qui ne renonce jamais, Makja évoque divers sujets dans ce nouvel album intitulé Ne te retourne pas, même s’il avait dès le début « un regard critique sur ce qu’une société produit comme injustices : Pouvoir politique, judiciaire, inégalité des chances. Avec à chaque fois, derrière chaque texte, j’avais cette envie de faire bouger les choses. »

Les blessures de ces injustices se ressentent à travers le phrasé et la voix de Makja, quelque part entre Bénabar, Da Silva, ou encore Patxi Garrat, cette voix transcende les émotions, « le passage aux instruments m’a permis de franchir les barrières mentales que l’on peut avoir avec le chant. En faisant ça, j’ai eu l’impression de libérer la “bête”. Celle-ci n’étant plus cantonnée qu’au phrasé rap, Elle a faim désormais de mélodies, de textures… de nouveaux espaces dans lesquels s’exprimer. »

 

 

C’était le début d’un nouveau parcours, d’une nouvelle itinérance, pour mieux cerner ses propres qualités d’auteur, compositeur, interprète, mais aussi pour mieux appréhender l’univers qui l’entoure, c’est à cette époque qu’il a rencontré des personnes clefs dans l’écriture de son chemin musical, « J’ai eu également la chance ces dernières années de croiser la route d’Olivier Daguerre qui m’a conseillé d’aller faire un tour à Astaffort, où étaient organisées des rencontres entre auteurs, compositeurs et interprètes francophones. Il pensait que passer l’association Voix du Sud pouvait être un déclencheur. Et il avait raison ! J’ai participé aux Rencontres d’Astaffort en 2015, et dans la foulée, l’année suivante, j’ai eu la chance d’être lauréat du Prix Centre des Écritures. S’en sont suivies d’autres distinctions chanson française au cours des années 2016 & 2017. Ce que j’ai appris ces dernières années, c’est qu’une chanson est un voyage dont on construit l’itinéraire au fil des mots et des notes. Et que Chacun des ingrédients (texte / mélodie / interprétation) possède son savoir-faire. »

Ce nouvel album, Ne te retourne pas est une forme de nouveau départ, beaucoup moins hip hop, un peu plus pop rock, « Je crois que plus ça va et plus je me dirige vers une direction pop française. Les mélodies et voix s’affinent avec le temps pour laisser une empreinte davantage musicale. Après ces quelques années, c’est désormais un mélange de maîtrise et d’instinct. » Un opus né de collaborations inédites et riches en émotions pour l’artiste, « Les morceaux ont été composés et arrangés par le multi-instrumentiste Mikaël BENTZ. Au départ, il a composé au clavier ou au violon des boucles instrumentales (couplets & refrains), tout comme des samples hip hop, et ce sont ces boucles qui ont déclenché l’écriture des textes. Pour les arrangements, avec Mikaël on a souhaité avoir un pied dans l’écriture symphonique (vents, bois, cuivres, percussions), et un autre pied dans une écriture plus électronique. L’aspect symphonique sert l’émotion des titres, et le côté électronique permet de garder une couleur contemporaine. Pour enregistrer ces arrangements, j’ai eu la chance d’avoir eu une excellente équipe de musiciens interprètes. Au studio Cryogène où se sont déroulés les enregistrements, l’ingénieur du son Guillaume Thévenin en sortant des sessions, me confiait : “au niveau de l’émotion et de la justesse des interprétations, c’est le plus impressionnant casting que j’ai eu la chance de recevoir”. Je crois que cet album est vraiment beau. J’ai hâte qu’il fasse sa vie dans la tête et le cœur des gens. »

Écrire et composer est un métier qui dépend d’un seul maître, l’inspiration. Pour ne pas dépendre du hasard, Makja a appris à la maîtriser et à la dominer, « Au fil du temps, j’ai appris à me laisser inspirer dans toutes les situations. J’aime déclencher la création dans tous les contextes. Dans un tram, à la maison, en marchant… Le geste créatif est à chaque angle d’une journée. Il faut ensuite prendre le temps pour aller un peu plus en immersion pour finaliser la chanson. Sinon, je crois que tout m’inspire. Je me sens concerné par le monde qui m’entoure, donc trouver un angle pertinent pour traiter une question de société, c’est là tout l’enjeu. »

Aujourd’hui tout ce travail appartient au public, il devient le réceptacle de cette création pour la faire perdurer et la transmettre, « C’est le bouche- à -oreille qui fait vivre les œuvres ; je suis conscient que le public est le principal vecteur de développement. Il découvre, ressent, partage. Après, c’est mon devoir d’artiste de créer la surprise : d’être tantôt la caresse, tantôt l’épingle pour celle qui suit ou celui qui découvre. »

Une voix écorchée, en équilibre sur le fil du rasoir, on retrouve dans Ne te retourne pas les influences, aussi diverses que variées de Makja qui apprécie « L’insolence d’un Balavoine, la classe d’A Filetta, l’énergie de Rage Against The Machine, le talent de Freddy Mercury, l’intensité de Brel, la voix de Dhafer Youssef, la transe de Bachar Khalifé, le swing de Nougaro, le mélange de Massive Attack, le voyage de Tiersen, le charisme de Ferré, le décalage de Gainsbourg. »

Parce que finalement en musique, comme en amour « la beauté est plurielle avec des êtres singuliers ! »

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