A l’occasion d’une soirée musiques actuelles au Chato’ do à Blois organisée par Reconnaissance Productions, j’ai rencontré chaque groupe pour vous faire une série de portraits.

De Kaolin à Courcheval, la progression artistique de Guillaume Cantillon est totalement bouleversée depuis quelques années, d’une part par des influences aussi diverses que variées, et d’autre part par la quête d’une nouvelle esthétique, plus en phase avec ses aspirations et ce qu’il est aujourd’hui. Lors de son passage à Blois en décembre dernier, nous avons longuement échangé sur Courcheval, ce nouveau projet, dont l’album sortira courant 2019.

Un projet qui a le goût de renouveau, celui d’un nouveau départ, « à la fin de Kaolin j’ai eu l’envie de tout recommencer, de tout reprendre à zéro » se confie Guillaume, c’est ce qu’il essaie de retranscrire dans Courcheval, « Il y a eu beaucoup de changement dans ma vie, et j’avais besoin de ce changement, je suis parti seul faire le  tour du monde, pour voir ce qui se passe ailleurs que sur ma petite personne, ou chez moi, dans ma ville, dans mon pays… J’avais besoin de changer d’air, c’est de là qu’est né Courcheval, il fallait que je sois au plus près de mes envies artistiques » explique-t-il

Un nom de projet qui sonne également comme un retour aux sources, puisque Courcheval puise ses origines dans la langue Chti, « Le nom vient de mon enfance, je suis d’origine Chti et on utilise cette expression pour dire aux enfants vas-y fais-le, ou même bouge de là, et ma maman m’appelait ainsi, du coup ce truc est revenu, il me plaisait bien à ce moment bien particulier. Je vivais quelque chose d’intense, je ne pouvais rien faire avec Kaolin ni sous mon nom et prénom, il fallait donc un nouveau nom une nouvelle identité » dévoile Guillaume

 

 

Écrire, créer, proposer toujours de nouvelles choses, en matière de musique les inspirations sont multiples, mais il est parfois difficile de les expliquer, « Pour écrire ce nouveau projet, il a fallu puiser des idées dans le vécu, dans des rencontres, ou dans l’expérience de cultures du monde entier… Je me sens enrichi personnellement de ces rencontres et de ces voyages. Et au fur et à mesure j’ai accumulé plein de chansons sur une guitare ou avec des rythmiques très basique, en revenant je savais que je devais rapidement en faire quelque chose. » nous raconte Guillaume.

Des influences qui prennent leur sens dans ce voyage, mais également dans la musique qu’il écoute depuis toujours, « Je suis pétri d’influences, mais le tout c’est d’avoir son propre univers on puise à droite à gauche car on ne démarre pas de rien, je suis fan de Dylan, de blues, de jazz, mais je suis aussi très pop, très r’n’b, très musique du monde, tout cela a sûrement une place sur Courcheval via une texture, des sons, une rythmique, des choix d’instruments , des manières de travailler sur des boucles, des samples… C’est plein d’influences autour de moi mais qui sont retranscrites dans ce projet » poursuit-il.

Pour écrire la femme est une source d’inspiration inépuisable, pour ce qu’elle est et pour ce qu’elle représente, ou si simplement on écoute la part de féminité qui sommeille en soi, « Il y a une part féminine qui fait partie de moi, quelque part je vous utilise un petit peu… La société judéo-chrétienne a étouffé des choses, et c’est bien dommage ! La place de la femme dans la société est prépondérante, on parle beaucoup des genres aujourd’hui et quelque part c’est l’évolution logique et inévitable de la race humaine, l’important c’est la place de l’humain en essayant de ne pas lui donner un genre » déclare Guillaume

La vie privée impacte également la créativité, la façon de voir les choses, et la façon dont on les retranscrit pour un potentiel public, « Forcément ma vie personnelle m’influence mais j’essaie toujours de faire la part des choses, l’album de Courcheval c’est pas un mec et ses pérégrinations, c’est pas un mec qui voyage qui prend un son à droite à gauche et qui va en faire une chanson… c’est pas que ça, sinon cela ne resterait que des influences, moi je les mets à ma sauce, je les transforme, et c’est cette transformation qui est intéressante et ça fait aussi partie du processus de ne pas avoir juste une matière brute, par exemple la chanson Himalaya, en voyageant dans des endroits complètement fous, y a des bruits qui t’entourent, y a des bruits que tu as pas l’habitude d’écouter, où juste en mettant le pied sur un glacier, tu entends le vent, la neige, les glaciers, le processus il est là, un truc tout con sur un téléphone… » détaille Guillaume

« Et ensuite il y a forcément une histoire d’amour, parce que l’amour c’est universel, car ta vie perso elle colore tout ça, elle influence tout ça, ce n’est pas juste ma vie perso que je lâche tout est complètement transformé, c’est même pas un album autobiographique pas comme avec Des Ballons Rouges » ajoute-t-il

Photo souvenir du tournage du clip Crois-moi de Kaolin.

Un projet différent qui voit le jour cette année dans une optique bien précise, revenir à l’essentiel, se recentrer sur l’essence même du son, d’un bruit qu’il soit quotidien ou musical pour créer quelque chose, « par exemple il y a une chanson qui s’appelle Coca Cola Corfou, c’est un sample d’une canette de coca qu’on ouvre, j’adore ce son je l’avais enregistré avec un téléphone, le bruit du soda qui fait des bulles, et la personne avec qui je partageais ce moment, tout est parti de là » dit-il en souriant

Pendant un an, alors qu’il voyage et découvre ou redécouvre d’autres pays et d’autres cultures, Guillaume s’imprègne de nouveaux horizons, de nouvelles sonorités, et les lieux qui lui ont inspiré le projet Courcheval sont multiples, « Il y a des tonnes de lieux qui m’ont inspiré, la Syrie notamment parce que c’est un état des lieux un peu particulier, j’y avais joué avec Kaolin, ce sont des choses qui se passent autour de nous, et on est détaché de ça, c’est à 2h30 d’avion c’est pas loin ça se passe vraiment, il y a vraiment des gens qui ne vivent pas comme nous qui sont dans une autre perspective que la nôtre, c’est un milieu particulier et riche et cela se ressent sur Courcheval » explique Guillaume

L’écriture, la composition, ce sont d’une part des techniques qui s’apprennent et qui imposent la griffe d’un artiste, mais ce sont surtout des choses se renouvellent par la force des choses, par l’inspiration, ou par les remises en question, « Avant je composais essentiellement avec une guitare, un texte et les mélodies, là j’ai beaucoup travaillé la rythmique, des sonorités étrangères ça fait une espèce de mélange, c’est mon hip hop à moi, des textes en français, de la chanson, des textures sonores bien particulières, un peu étrange sur lesquelles je n’avais pas l’habitude de travailler. J’ai réalisé aussi des albums pour d’autres artistes, cela m’a amené à découvrir d’autres univers musicaux, avec des esthétiques vraiment différentes et puis j’avais envie de me permettre ça aussi sur mes chansons… Après un an de voyage, il fallait que ces chansons sortent, il y avait des thèmes très particuliers qui étaient mis en exergue et tout se tenait finalement, comme une espèce d’alignement des planètes, c’est exactement ça, la vie est faite de ce genre de ressenti et tu te dis que les choses n’arrivent pas pour rien » ajoute-t-il

La création est au centre de la vie du musicien, et il faut parfois savoir se défaire du regard des autres et de leurs avis, parfois même celui du public, d’autant plus de nos jours avec les réseaux sociaux, où le jugement tombe très vite « Si on s’occupe du regard des autres, cela fausse la donne, on veut tous plaire, il n’y a aucun souci avec ça, mais au lieu de toucher à l’essentiel, on se vautre, sur scène c’est pareil, il ne faut pas paraître froid, imbu de sa personne, être détaché. » L’essentiel étant de rester soi-même, « Tout dépend de ce dont on a besoin pour être soi-même, il y en a qui ont besoin des autres pour exister, on vit en meute, et on a forcément besoin des autres, le regard des autres compte énormément, mais pour exister on a besoin les uns des autres » nous explique Guillaume

L’album de Courcheval, dont l’enregistrement a été bouclé fin 2018, sortira dans le courant de l’année 2019, et cela « marquera le vrai début de Courcheval, j’ai autour de moi une équipe formidable ! Ils construisent avec moi ce projet, ce sera aller sur les routes, maintenant il faudra défendre le projet, et essayer de rendre les gens qui y ont participé fiers de Courcheval ! » conclut-il.

Pas de date de sortie annoncée pour le moment, mais c’est avec impatience et fébrilité que l’on attend la naissance du projet Courcheval, verdict courant 2019 !

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