L’autre soir, après une journée bien remplie au boulot, j’ai couru vers un énième Zoom, pour compléter ma journée, mais celui-ci, ce n’était pas n’importe qui, Andreas Moe, auteur-compositeur et interprète Suédois, m’attendait bien sagement, depuis son studio à Stockholm pour une interview.
Vu mon arrivée fracassante et précipitée sur la visio, il n’en fallait pas plus pour qu’après les civilités d’usage, on dérive en premier lieu sur la situation sanitaire dans nos pays respectifs, le couvre-feu ici, et une situation différente chez lui, « d’où je viens, il y a des gens qui traînent dans la rue, qui boivent des bières en terrasse, c’est si bizarre que chaque pays gère les choses de façon aussi différente » nous dit-il d’emblée.
Certaines choses, assez similaires, perturbent d’autant plus nos vies, qu’elles sont l’essence même de nos métiers respectifs, « On ne peut pas aller à un concert ou donner un concert, tu peux seulement avoir une bulle sociale de 2 ou 3 personnes, les concerts sont interdits, les théâtres sont fermés, c’est assez strict dans ce sens là mais on ne peut pas comparer à la France par exemple, ou à l’Angleterre où il y a un vrai confinement » ajoute-t-il
Il y a quelques jours Andreas Moe a sorti un tout nouveau single, un morceau retour aux sources, dénudé de productions trop pointues, et pour cause, il a été fait à la maison. « Il ne reste rien de mieux à faire ces temps- ci à part écrire, ou composer et produire de nouveaux morceaux, je ne veux pas vraiment sortir, voir des amis, ou ma famille je préfère jouer la sécurité, et m’auto confiner en quelque sorte, être responsable. » déclare Andreas, depuis le mois de mars, sa vie est la même, chaque jour, « Je suis beaucoup resté dans cette pièce, enfermé (ndlr : son studio est lumineux et joliment décoré) et j’ai beaucoup travaillé sur ma musique, et je sortirai des morceaux peu à peu au fil de l’année, et très probablement un album à la fin de l’année, et c’est super excitant » ajoute-t-il
Dans ce nouveau titre, intitulé Holding On, il invite les gens à tenir bon, et à ne pas se laisser abattre, alors bien sûr à la base, rien à voir avec la crise que nous traversons, mais plutôt un hymne personnel pour lutter contre des démons intérieurs, et s’aider soi-même. « Ce n’était pas le but, mais cette nouvelle chanson, se trouve être une très bonne chanson pour cette période étrange » nous confie-t-il en riant, « mais ce n’était vraiment pas l’idée d’en faire un message actuel, j’ai commencé à l’écrire il y a 2 ou 3 ans, elle trainait dans les notes de mon téléphone et je l’ai fini en janvier 2020, mais c’est drôle comme une chanson trouve son chemin, et se fait une place dans la société et dans les événements, c’est drôle comme elle est arrivée à ce moment là finalement » conclut-il.
Holding On, est le prélude à un nouvel album, en effet, « un premier EP va sortir, puis un deuxième EP qui fera fusion avec le premier pour faire un album, d’ici la fin de l’année » dévoile-t-il. « Holding On mon nouveau single a pour but de rendre les gens heureux, et de les aider à aller de l’avant dans cette période étrange, et difficile. » Une chanson qui n’avait pas vocation à soutenir notre moral pendant la pandémie, mais qui au final nous invite à tenir bon à travers cette période, et qui est avant tout un hymne au changement.
Un album qui sera différent, puisque entièrement fait à la maison, pas de studio, pas de producteur, juste Andreas, de A à Z, en fidèle touche à tout de la musique. « Même si cela a été très dur pendant cette période, émotionnellement, j’ai tellement grandi de différentes manières grâce à ces événements, je me suis senti grandir en tant que parolier, en tant que compositeur, et surtout en tant que producteur. Auparavant je n’avais jamais produit quoi que ce soit de cette façon, là, je n’avais pas vraiment le choix, je devais creuser, et faire les choses moi-même parce que bien sûr le projet de départ c’était de travailler avec un producteur et d’enregistrer tout dans un studio professionnel, mais la pandémie m’a isolé dans mon home-studio, et j’ai dû le faire moi-même. » nous précise le jeune homme.
Des chansons qui seront forcément teintée de cette ambiance créative, même si certaines étaient dans ses carnets depuis quelques années maintenant. « C’est une collection particulière de chansons, parce que ce sont les premières que j’aurais moi-même produites, et j’ai aussi ces quelques guitares, mes micro, mon ordinateur, et finalement cela va donner un son particulier et une couleur à ces nouvelles chansons. Je n’ai pratiquement fait que ça depuis mars, et heureusement que j’avais de quoi m’occuper vu que les concerts ne sont pas autorisés. » dit-il tout sourire.
La situation actuelle n’est facile pour personne, mais se complaire dans le malheur en se plaignant de son sort, très peu pour lui, ce qu’il veut c’est poursuivre son petit bonhomme de chemin, et envisager l’après. « Je pense qu’il faut continuer à écrire plus de musique, et à sortir des chansons, un jour viendra où on pourra à nouveau jouer en concert et je jouerai ces chansons, heureusement que tout le monde ne repousse pas la sortie de sa musique à cause de la situation sanitaire, et du fait que l’on ne peut pas faire de concert. Certes, c’est difficile de ne pas monter sur scène, c’est frustrant, j’ai hâte de monter sur scène et de jouer mes chansons, quand tu sors un titre, tu n’as envie que d’une chose c’est de la jouer en concert devant un public, il n’y a pas de but à juste se plaindre, il faut que l’on combatte cela avec de la patience mais bien sûr c’est difficile ! » s’explique Andreas.
Un processus créatif qui a bien changé au fil des ans, lui qui a étudié la musique, et a travaillé avec les plus grands depuis, est chanceux, et il en a conscience, mais son CV donnerait le tournis à quiconque. « C’est un grand privilège pour moi de travailler avec d’autres personnes, cela me permet d’être quelqu’un d’autre, c’est super de travailler et d’écrire pour d’autres, quand pour moi je me prends beaucoup la tête, j’écris, je rature, je déchire, alors cela me fait une sorte de pause de pouvoir écrire pour d’autres ça évite que je ne devienne fou parfois » dit-il en riant.
« J’ai eu la chance de collaborer avec des grands artistes, récemment je travaille avec SEEB, un duo norvégien, on a réalisé quelques chansons ensemble, et la prochaine sortira bientôt, ce qui est très excitant. J’ai également collaboré avec John de Sohn, qui est un DJ suédois super talentueux, avec qui j’ai adoré travaillé, j’ai collaboré avec Boyzone ce qui est vachement cool, Tiesto, Van Buuren , Avicii, et tant d’autres… Maintenant qu’on en parle je me rends compte de toutes ces collaborations incroyables et de la chance que j’ai eu » s’étonne-t-il
Quand il écrit, tout peut être source d’inspiration, une conversation qu’il entend, un ami qui se confie, quelque chose qu’il vit, « Il y a quelques années je trouvais ça plus important d’écrire à propos d’expériences personnelles, et des choses que j’avais vécu personnellement, mais en fait ce n’est pas important qu’il s’agisse de moi, cela peut être la famille, un ami, ou une histoire que j’ai entendu quelqu’un raconter, parce que à la fin c’est à propos de la chanson et du message qu’elle véhicule, du moment qu’elle permet à quelqu’un de ressentir des choses, peu importe qui est à l’origine de l’histoire dans la chanson et qui a vécu ceci ou cela » détaille Andreas.
Ecrire et composer demandent parfois une concentration hors du commun, une capacité à s’isoler et à ne pas se laisser influencer par le monde extérieur, « Je travaille rapidement, j’ai genre une fenêtre de 20 minutes dans mes sessions où je suis réellement bon, et si rien ne vient, c’est fini, je deviens mauvais. Je pense que je suis un bon parolier mais pour un petit laps de temps, car j’ai très vite besoin d’une pause. J’aime travailler avec des gens qui sont l’inverse de moi, plus lents, et qui ont besoin de connaître l’environnement et les gens avant de commencer à travailler. Parfois je dégaine très vite, j’ai une idée et je veux juste continuer à bosser dessus, et être dans l’instant, je suis très énergétique quand j’écris. Mais je préfère ne pas être dans un studio, je préfère être dans mon salon sur le sofa avec une guitare, mais en général je m’adapte » raconte-t-il.
Dans l’idéal, certaines écritures sont plus faciles que d’autres, sur le premier album, Before the rumble comes certaines chansons se sont faites de façon évidente. « J’adore quand je décide d’écrire et que je me dis OK je vais écrire à ce sujet là, par exemple quelque chose qui s’est passé il y a quelques temps, et là tout vient tout seul de façon fluide et c’est très cool car cela n’arrive pas souvent. Je me souviens le titre Step down from it sur mon 1er album, était une chanson très personnelle pour moi, chaque mot, chaque verbe, tout était si proche de moi et de ce que j’étais, et les chansons qui sont nées ainsi, restent très spéciales pour moi, mais cela n’arrive pas si souvent. Maintenant j’écris sur ce qui vient je ne m’impose pas de thématique en particulier. Je n’analyse plus autant cela, je laisse un peu les choses se faire d’elle-même finalement. » nous explique Andreas.
Et si certains s’interrogent sur le choix de l’anglais pour écrire ses chansons, il s’agit sans doute de l’universalité que la langue anglaise offre, mais aussi du fait qu’écrire en suédois n’est pas si naturel que cela pour lui, « J’ai essayé d’écrire en suédois, mais j’ai trop l’impression d’être tout nu, cela ne me paraît pas confortable, je suis bien plus à l’aise en anglais. Personne n’a jamais fait de succès mondial en chantant en suédois, vous en France vous avez Edith Piaf, nous on a pas ce genre de choses, les gens chantent en anglais. » dit-il en souriant
Une universalité qui se ressent quand on observe les réseaux sociaux d’Andreas, on se rend très vite compte, que sa musique est écoutée partout dans le monde, en Suède certes, mais aussi en France, en Pologne, en Italie, au Brésil, au Canada, de quoi étourdir le jeune homme qui aimerait venir à la rencontre de chacun de ses fans « La musique connecte les gens à travers le monde, et si j’avais la possibilité de jouer dans chaque pays je le ferai mais je ne peux pas le faire. Organiser une tournée c’est super cher, et à moins d’être sûr de faire un bénéfice, c’est impossible. » se désole-t-il
Être sous le feu des projecteurs, devenir célèbre, c’est un peu paradoxal pour quelqu’un d’aussi humble et de presque timide ou en tout cas réservé, « Je pense qu’il faut aimer l’attention jusqu’à un certain point quand on est un artiste, quand je suis sur scène j’aime être le centre de l’attention mais autre part je déteste ça. A des fêtes, à des diners, cela ne me dérange pas de parler aux autres, mais je déteste quand on me présente en tant que Andreas, le super auteur – compositeur qui a fait ça ou ça, et je suis en mode oh non pourquoi on doit parler de moi ? » explique Andreas. « Je pense que chaque artiste doit avoir une part de narcissisme en lui pour faire ce métier, un peu d’égo, sinon on ne serait pas là, à occuper une scène, il faut être suffisamment prétentieux pour assumer que les gens vont nous écouter chanter » ajoute-t-il.
Quand vous voyez Andreas Moe, il ne faut que quelques secondes pour associer les traits de son visage à ceux d’un célèbre chanteur français, et voir la ressemblance qui en fait le presque sosie parfait de Julien Doré. « J’ai un réel sosie, une vraie copie de moi, on dirait comme mon grand frère super beau gosse, et je serais le petit frère en moins beau » rit-il, « Quand je suis allé en France, je savais pour notre ressemblance, et les gens me regardaient avec insistance, ils chuchotaient, et c’était embarrassant, je ne voulais pas être le centre de l’attention, je voulais profiter de Paris avec ma fiancée, et les gens sont venus vers moi pour me demander « Es-tu Julien Doré ? ». Pour lui s’il veut oublier sa célébrité, il peut prétendre être moi quand les gens l’interpellent. » s’amuse-t-il. « J’aimerais beaucoup le rencontrer car cela pourrait donner lieu à des drôles de conversations, mais on pourrait aussi faire des blagues ensemble, des tours de magie, je pourrais monter sur scène à sa place et voir ce que cela fait d’être lui, avec les fans qui crient son nom, et là je jouerai une de mes chansons, ce serait la surprise totale ! Ce serait à la fois très drôle et très étrange. J’attends encore le jour où il m’enverra un message. » conclu Andreas.
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