D’après un texte original de Lucy Kirkwood.
Adaptation en français par : Louise Bartlett
Mise en scène par : Eric Vigner
Le pitch : Un couple d’ingénieurs nucléaire à la retraite vit quelque part au bord de la mer près d’une centrale nucléaire qui vient d’être touchée par un tsunami (on pense bien entendu à la catastrophe de Fukushima). Une collègue ingénieur qui a participé elle aussi à la construction des grandes centrales scientifiques de la terre – un amour de jeunesse que l’on n’a pas vu depuis trente ans – arrive un soir d’été pour leur faire une proposition étonnante.

Mon avis :
Passons outre l’adaptation du texte, la difficulté de traduire l’humour britannique, et les césures afin que faire tenir la pièce sur une durée d’1h30. De base, Lucy Kirkwood a écrit ce texte avec une certaine rythmique, le décor, celui d’une cuisine, est plutôt réaliste, cependant ici Eric Vigner a choisi de faire évoluer ses personnages dans un décor minimaliste, dont les éléments sont recyclés d’autres pièces.
J’avoue volontiers avoir un avis plus que mitigé sur cette pièce, mais me direz-vous cela est aussi parfois le rôle du théâtre, laisser le spectateur dans le doute et dans le questionnement, afin de le laisser par son vécu et ses idéaux, construire sur les non-dits.
Car c’est de ce constat que part la pièce, l’accumulation de non-dits, voire même de mensonges entres les trois personnages, Hazel, Rose et Robin, interprétés avec brio par Cécile Brune, Dominique Valadié, et Frédéric Pierrot.
Rien n’est sûr dans ce trio où chacun porte son masque, celui qui cache le véritable « soi » en société, celui dont on ne veut rien dévoiler. Ces « boomers », ingénieurs nucléaires à la retraite, semblent enfin comprendre la portée de leurs erreurs, et le poids que celles-ci laissent sur les générations futures. Cependant, il a fallu que la catastrophe nucléaire arrive, et c’est quand il est « trop » tard que les consciences s’éveillent, jusqu’alors ils semblaient vivre dans une certaine insouciance et une non-culpabilité de leur passé professionnel et des conséquences qu’il pouvait avoir.
Au début de la pièce Hazel fait encore preuve de fatalisme avec l’abandon de leur maison précédente, qui a subi la « vague » lors de l’explosion du réacteur. Elle se décourage, elle ne peut pas nettoyer la maison, et elle abandonne, un peu comme cette génération de « boomers » qui a choisi de ne pas nettoyer la planète, et de baisser les bras, en poursuivant un mode de vie qui mène l’humain à sa perte.
Le couple Hazel – Robin semble évoluer dans un entre-deux, coupé du monde, sans électricité, et l’arrivée de Rose bouscule leur absence de projet. Telle la faucheuse, Rose les met peu à peu face à leurs contradictions, d’être ceux qui se voulaient « couple libre » et qui ont eu des enfants, du fait qu’ils étaient dans le nucléaire mais qu’ils veulent manger bio et faire du Yoga.
Avec le retour de Rose, après plus de 30 ans d’absence, l’heure est au règlement de compte, et l’addition semble amère dans ce purgatoire lugubre.
Pour lire l’article précédent, clique ici.
1 Ping