Il y a quelques semaines, j’ai eu l’occasion d’interviewer un artiste qui mêle à la fois l’élégance des dandys britanniques et la candeur de l’enfance. Adam Naas, jeune artiste de 27 ans, originaire de Paris, a déjà tout d’un grand, mais qui est-il vraiment ?
Quand il doit se présenter, il annonce déjà la couleur, Adam Naas est « taureau ascendant verseau » et fier de l’être, sinon en dehors de cette particularité, « je fais de la musique » que l’on qualifiera d’heureux mélange, ou selon lui et selon « Chris qui joue avec moi, qui est la bassiste, dit que c’est un peu genre un Broadway Rock, et moi ça me fait bien kiffer, je trouve ça drôle, mais si je devais dire un truc, je ne sais pas en fait… Venez écouter, venez voir ! » dit-il avec le sourire
Le virus de la musique l’a contaminé très jeune, « J’ai grandi avec la soul, j’écoutais un peu de Daft Punk, beaucoup de rock, j’ai eu beaucoup de phases… Par exemple, j’aime beaucoup l’époque du glam rock, le parfait mix entre théâtre et musique » Des phases qui ont provoqué cette infusion musicale un peu particulière qui caractérise Adam Naas aujourd’hui, un mélange insaisissable, « mais en fait, moi non plus je ne le comprends pas » avoue-t-il
C’est à l’adolescence qu’il se lance dans la musique, « pour de vrai » comme il le dit si bien, « J’avais un Myspace quand j’étais au lycée, et je pense que la musique c’est à ce moment-là que c’est venu, la première chanson que j’ai écrit j’étais en 4ème, mais c’est vraiment devenu sérieux en 2015. C’est devenu sérieux à partir du moment où tu as des gens qui t’appellent pour parler de ta musique, parce que sinon ça reste dans ta chambre… » explique Adam.
Alors qu’il a appris l’anglais grâce à Harry Potter, ce petit sorcier de la musique ne peut se laisser ranger dans aucune case, les tendances et les influences sont là. Sa musique est à la fois inspirée de la pop, du folk, du rock, du punk, de l’électro, ou même du classique, quelque part entre Prince, David Bowie, et Freddie Mercury, et s’il faut se définir en un mot « Extravagant ! » s’esclaffe-t-il.
Dans ses chansons il mêle avec habileté la nostalgie, et la joie de vivre, une bonne humeur teintée de mélancolie, de douceur, des mélodies « feel good » et des paroles tristes, une combinaison improbable, et c’est peut-être là le tour de force du jeune artiste. Être dans le paradoxe, dans l’opposition constante entre deux humeurs « ce qui est drôle c’est que quand tu joues devant un public français qui ne maîtrise pas nécessairement l’anglais, les gens ne s’en rendent pas compte, ils n’écoutent pas les paroles, mais quand tu joues devant un public qui comprend les paroles, c’est un truc qu’ils captent très rapidement et j’ai eu beaucoup de fois cette conversation avec des gens qui disaient que les paroles et la musique sont contrastants. » nous explique Adam.
L’inspiration peut le saisir à tout moment, et même si c’est un peu cliché, il a tendance à « être inspiré par les gens qui m’entourent » confie-t-il et forcément cela change sa musique et sa façon de voir les choses, « et donc ça dépend des gens avec qui je suis ». Peu importe l’endroit en fait, « il n’y a aucun lieu, je peux être très inspiré parce que je suis avec des gens qui sont inspirants », ou alors des endroits apaisants, « des endroits où il y a beaucoup de contemplation. Il y a des pays où tu es sujet à contempler tout ce qui se passe, tu regardes comment les gens vivent et tu passes tellement de temps à observer que tu ne vis plus la vie, tu l’observes et tu te noies dans cette observation, juste parce que c’est très inspirant, donc la Mongolie ! » dit-il en riant aux éclats
Après quelques minutes de fou rire, il redevient très sérieux, et évoque cette image fleur bleue qui semble lui coller à la peau, « J’essaie de me détacher un peu plus de ma vie personnelle, d’écrire un peu moins sur ce qui s’est passé dans ma vie et je n’ai pas envie d’être ce type d’artiste, ce n’est pas parce que je raconte des trucs de ma vie que forcément je suis sensible ou à fleur de peau ou je sais pas. Mais du coup maintenant je vais plus vers des exercices de story-telling, où je raconte des choses qui se sont passées mais avec un peu plus de romantisme, d’utilisation d’images et de métaphores, tu sais de quoi tu parles mais avec de la distance… » explique-t-il
Cette distanciation permet au public de s’approprier la musique, et d’interpréter les paroles comme bon lui semble, de les faire coller à son vécu, « je trouve ça cool que chacun interprète ce qu’il veut, parfois je reste flou sur les paroles pour qu’on se demande mais de qui parle-t-il, on ne sait pas s’il s’agit d’une fille, d’un garçon, etc. » s’amuse-t-il
Son public est très diversifié, et c’est sans doute grâce à ces possibilités d’interprétation, et d’appropriation de chaque chanson « j’ai le meilleur public du monde, il y a une grande diversité, et je suis toujours choqué de voir qu’il y a aussi bien des grands-pères, des grands-mères, des adultes que des ados, même si les ados sont la communauté la moins représentée… » constate Adam
L’artiste apprécie les interactions qu’il peut avoir avec son public, cependant à l’ère du tout digital, il avoue volontiers être « très mauvais sur les réseaux sociaux » par ailleurs « je préfère largement qu’on aille prendre un verre, je n’aime pas du tout ça, (ndlr : les réseaux sociaux) les artistes qui le font je trouve ça me dérange un peu de temps en temps, je n’aime pas ça, ça fait vraiment genre là je vais parler à mes fans pour faire le boulot, et après quand ils font le concert, ils ne vont voir personne… » explique-t-il
« Mais ça m’arrive de répondre de temps en temps mais je préfère parler aux gens en vrai… » conclu Adam
Vous savez donc ce qu’il vous reste à faire, si vous aimez Adam Naas et sa musique, le mieux reste encore de lui dire en face à face, à l’issue d’un concert.
Pour lire l’article précédent, clique ici.
2 Ping