Alors qu’il s’apprête à jouer son spectacle de stand-up musical au Bataclan Alexandre Prévert s’est confié à mon micro sur la musique, sur sa passion, et sur son parcours.
Alors qu’enfant il est forcé à se mettre au piano, le jeune artiste de 23 ans, « diplômé du conservatoire de Paris, et de la Sorbonne en Musicologie » avoue volontiers que cette relation avec l’instrument a parfois été conflictuelle, mais « aujourd’hui je me suis rendu compte qu’il me fallait du temps pour me réapproprier cet amour de l’instrument, qui avait été annulé à force d’être bafoué, réprimandé, et engueulé, que ce soit au conservatoire ou même par mes parents quand j’étais plus petit » confie Alexandre Prévert. Et finalement c’est de cela que naît l’idée du stand-up musical et de cette envie de raconter l’Histoire… Ce piano, cette compétence musicale acquise durement, il fallait presque lui trouver une raison d’être, « j’ai eu envie de le mettre au service de quelque chose de plus global, de plus grand, qui fasse sens et qui est un rapport avec les petites histoires et la grande Histoire, pour faire le lien entre nos vies à nous, nos vies modernes, avec les siècles d’humanité qui nous ont précédé et les lots d’enseignement positifs ou négatifs » nous explique Alexandre.
Écrire et composer ? Très peu pour lui, d’une part parce que tout semble avoir été dit, « Je suis assez étonné du fait que je suis très peu tenté par l’écriture. Parce que j’ai l’impression que tout a déjà été dit, qu’il n’y a plus grand-chose à dire, si ce n’est redire ce qu’on déjà dit les autres… Si j’apportais ma modeste pierre à l’édifice, ce serait simplement dans ma façon d’agencer, de présenter, d’organiser, de structurer. » détaille-t-il
Et d’autre part, parce que lui, ce qu’il veut c’est créer du lien, entre la culture, la littérature, la musique, entre l’Histoire et les petites histoires des contemporains de ces événements parfois étonnants, « l’art, la musique et la poésie, cela nous permet de voyager dans le temps et dans l’Histoire. Cette confrontation se calque sur notre petite histoire d’aujourd’hui et sur les histoires du passé, sur la grande histoire du passé. Ce qui permet d’établir un parallèle entre le conflit Verlaine – Rimbaud et le clash Booba – Kaaris, entre Beaumarchais et Jean-Luc Mélenchon, entre Christophe Colomb et Gérard Collomb… C’est ce qui permet d’avoir cette identité de stand up classique qui était mon projet à la base. » nous raconte Alexandre
Après les spectacles « Quel romantique êtes-vous ? » et « Êtes-vous prêt à changer de vie ? », c’est quelque part dans les nuages que la thématique du rêve est choisie pour ce spectacle, « quand j’ai eu l’idée de ce spectacle, c’était dans un avion, c’était dans un vol Vienne – Paris, je venais de jouer « Quel romantique êtes-vous ? » en allemand, et à l’époque je préparais la saison 4 et c’est dans ce vol avec mon père que j’ai eu cette idée de « Où sont passés vos rêves ? » » confie Alexandre.
Parce que l’influence de Jacques Brel est indéniable, on relèvera que « tout est rêve, rêve réalisé, rêve disparu, rêve brisé, rêve en construction, rêve inavoué » les angles du rêve permettent d’ouvrir le champ des possibles, « il y a 7 rêves dans le spectacle je les ai raccrochés à 7 anecdotes de ma vie, qui sont séparés chacune de 3 ans » ajoute-t-il Bien sûr tout cela n’est qu’une excuse pour interroger le public, et parler des rêves des uns et des autres, et puis « on embraye sur la grande Histoire avec par exemple Verlaine, sa femme… » détaille Alexandre.
Intimement convaincu que si « les hommes sont malheureux c’est parce qu’ils ne réalisent pas leurs rêves » Alexandre évoque encore une fois Jacques Brel comme père spirituel du spectacle, « il n’y a rien de pire qu’un homme malheureux parce qu’un homme malheureux répand le malheur », parce que finalement « on aurait tout intérêt à se recentrer et à se souvenir de ce dont on rêvait lorsqu’on était enfant parce que je pense que c’est ça qui nous rend le plus heureux » nous explique-t-il.
La question semble difficile, il est compliqué de savoir où sont passés les rêves que l’on pouvait avoir enfant même si, renouer avec l’enfant en soi permettrait de mieux se comprendre, « cette idée de « où sont passés vos rêves ? » c’est justement de faire un électrochoc, afin de savoir vos rêves d’enfants qu’est-ce que vous en avez fait ? Que vous ayez 10, 20, 30 ou 70 ans, il n’est jamais trop tard pour renouer avec eux et pour essayer de les réaliser. Il faut assumer les rêves qu’on a. Cela implique beaucoup de choses, une façon de se dévoiler, de dire qui on est, ce qu’on fait, ce qu’on aime, où l’on va et d’assumer ça… Il faut tenter le coup, ça ne veut pas dire que l’on va y arriver, mais cela en vaut la peine… » répond Alexandre avec passion
Les rêves valent la peine de se battre pour être réalisés, mais ce qui compte c’est aussi le fait que dans la vie on a plusieurs rêves, « à des moments différents, c’est ça qui est merveilleux à mon sens, car si on avait qu’un rêve une fois qu’on l’a foiré ou qu’on l’a réussi ce serait triste » ajoute-t-il
Un spectacle qui va prendre une dimension tout autre, quand il sera joué au Bataclan cette semaine, tout d’abord parce que « c’est un honneur pour moi d’y jouer et c’est un moment qui va être unique pour moi, c’est une salle mythique parisienne, et je n’ai jamais joué à Paris. J’ai un rapport très contrasté avec Paris, c’est un endroit qui m’a fait énormément souffrir mais c’est également un endroit dont je suis éperdument amoureux » précise Alexandre.
Mais au-delà de ça, il y a la symbolique de jouer dans ce lieu, chargé en émotions, « ce spectacle à Paris ne peut pas être joué autre part… il y a tellement cette volonté de se connecter avec le réel pour le remplir d’une autre histoire, pour le remplir d’amour… Et l’endroit le plus urgent pour le faire, c’est le Bataclan. Si j’appelais ça le devoir de rêver, avec le devoir d’amour, je pense que ce devoir doit s’exercer dans les endroits où il a été le plus bafoué… il faut rêver partout, en toute heure, en tout lieu, mais je crois surtout qu’il faut le faire dans les endroits où cela a été attaqué de façon inconcevable » nous confie-t-il ému
« Parler de la guerre, de l’enfance, de l’amour, dans cet endroit ça prend une dimension et une résonance encore plus particulière… C’est quelque chose d’assez bouleversant d’aller jouer là-bas, et dans ce contexte jouer « où sont passés vos rêves ? » au Bataclan, je crois que c’est con à dire mais c’est la première fois de ma vie où je vais me sentir au bon endroit au bon moment… C’est peut-être la première fois où j’ai l’impression de faire quelque chose de bien. Il y a vraiment cette volonté de dire on n’oublie pas, on se souvient mais on continue. On n’est pas dans le déni, on n’est pas dans la lamentation, on essaie d’être droit dans nos bottes, ce qui s’est passé c’est passé et il faut continuer à rêver » ajoute-t-il
Aujourd’hui, Alexandre Prévert, tout juste 23 ans, a encore beaucoup de rêves à réaliser, « mes rêves sont sur scène, mais aussi en dehors, je suis dedans… Il y en a beaucoup, ils sont divers et variés, mais j’essaie de les vivre au maximum à partir du moment où on parle des rêves de quelqu’un, on parle de tout, de sa vie, de ses rêves, de ses croyances… Dévoiler ses rêves, c’est essayer de se regarder… Rêver c’est résister, il y a cette volonté de ne pas céder à la peur, de ne pas céder aux idéologies, et de continuer à rêver, de continuer à vivre, on n’oublie pas, on a cette pointe au cœur mais on continue à vivre, on continue à rêver, on continue d’aimer… » conclu Alexandre.
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